L’ALLEMAGNE ET L’ÉTAT ACTUEL DES RELATIONS FRANCO-ALLEMANDES

L’ALLEMAGNE ET L’ÉTAT ACTUEL DES RELATIONS FRANCO-ALLEMANDES

Par Monsieur INGO RADCKE

Consul Général d’Allemagne

Mairie du 7eme arrondissement jeudi 21 avril

L’Allemagne bénéficie d’un réseau diplomatique d’importance en France. L’Ambassade à Paris est complétée par quatre représentations consulaires à Strasbourg, Bordeaux, Marseille et Lyon. Le Consulat Général de Lyon couvre les régions de Franche-Comté, Bourgogne, Auvergne et Rhône-Alpes.

La Loi Fondamentale –la Constitution allemande de 1949 – a fixé dans son préambule le principe suivant : «Toute politique extérieure doit servir la paix du monde dans une Europe unie ». L’Allemagne privilégie une approche multinationale, c’est ainsi qu’elle a connu la plus longue période de paix.

Le coût de la réunification de l’Allemagne en octobre 1990 est estimé à environ 1500 milliards d’€ et a entraîné un endettement d’à peu près 80 % de son PIB (produit intérieur brut). La situation politique du pays s’en est trouvée renforcée, cependant les grands choix stratégiques demeurent l’intégration européenne, le traité de Lisbonne et la stabilisation. Mais tout cela implique un coût.

La coopération franco-allemande est plus que jamais nécessaire, renforcement de la coopération bilatérale en matière politique, échange de citoyens, en matière commerciale.

1-La coopération pour la politique-

Il faut noter la fréquence et la densité des contacts entre les gouvernements mais aussi entre les régions Rhône-Alpes et Bade Wurtemberg. A tous les niveaux, il y a nécessité de trouver un consensus franco-allemand pour la défense de nos intérêts mutuels et chacun est animé de la détermination d’arriver à un compromis, à une base commune.

L’agenda franco-allemand 2020 révèle une stratégie très ambitieuse et comporte 5 principaux domaines :

-la lutte contre la crise économique et financière,

-la coopération pour le climat, la sécurité énergétique et la biodiversité,

-innovation, recherche, enseignement,

-défense et sécurité en général,

-le rôle des sociétés civiles pour rendre effective et solide l’amitié franco-allemande

Au printemps 2010, la crise et les turbulences pouvaient mettre à mal la cohésion en Europe. Des mesures ont été prises pour stabiliser l’euro et la France et l’Allemagne ont dépassé leurs différends pour l’instauration d’une gouvernance économique pour la zone euro. Un accord a été conclu pour stabiliser la monnaie commune :

-à partir de 2013, le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) système permanent d’aide aux états ayant des difficultés à trouver du crédit. Ce fonds est doté de 750 milliards d’€ (soit le double du budget allemand),

-Pacte pour l’Euro qui une fois ratifié réalisera une gouvernance économique avec des engagements fermes pour les états.

2-Les réseaux dans les sociétés civiles-

Les liens sont très forts. 2200 jumelages entre communes et régions, plus les liens entre les universités, les écoles. Lyon est jumelée avec Francfort et Leipzig.

2 organismes binationaux emblématiques:

-OFAJ (office franco-allemand pour la jeunesse). Fondé en 1964, il a permis à

8 millions de jeunes de profiter des échanges,

-l’Université franco-allemande : 5000 étudiants et doctorants suivent un cursus intégré et un double diplôme. 140 universités en France et en Allemagne sont intéressées par cette coopération universitaire.

3-Les échanges commerciaux-

Le solde des échanges commerciaux est négatif pour la France. Mais il faut relever que 3000 entreprises allemandes ont établi une agence en France alors que 2000 entreprises françaises ont une agence en Allemagne.

Par ses investissements en France, l’Allemagne a créé 300 000 emplois et la première région concernée par les investissements est la région Rhône-Alpes.

Les différences entre nos deux pays persistent. C’est ainsi qu’en Allemagne, l’intervention de l’Etat en matière économique est exceptionnelle.

Historiquement, en ce qui concerne la dette souveraine, l’Allemagne a connu 2 hyper-inflations entre 1922 et 1948, qui ont détruit la base économique de la classe sociale intermédiaire en laissant un trauma fort.

La majorité des Allemands souhaitent sortir du nucléaire qu’ils considèrent comme une source d’énergie intermédiaire, alors que les ¾ de l’énergie primaire en France est produite par le nucléaire.

En Allemagne, le PIB a augmenté de 4% en 2010 (et 3 % sont prévu pour 2011) suite à une forte reprise des exportations notamment vers l’Asie et la reprise de la consommation des ménages. La hausse du PIB en 2010 était de 1,6 % pour la France.

En ce qui concerne le taux de chômage actuel, il est d’environ 7% en Allemagne, en France il est de 9 à 10 %.

Le déficit budgétaire prévu pour 2011 : en France environ 6 %, en Allemagne moins de 3 %.

Il y a aussi des différences constitutionnelles entre les deux pays. L’Allemagne est un état fédéral composé de 16 länder avec une forte identité régionale en plus de l’identité nationale. C’est ainsi qu’il y a 16 programmes scolaires différents. L’Allemagne pratique une démocratie de consensus et l’articulation entre l’état fédéral et les Länder est plus délicate qu’en France entre état et régions.

Au Bundesrat (~Sénat), Angela Merkel a perdu la majorité, mais garde une solide majorité dans le Bundestag (~Assemblé Nationale).

En Afghanistan, le contingent allemand est le 3ème par son importance avec un effectif de 5000 soldats. L’Allemagne a opté pour une politique de désengagement à moyen terme.

L’Allemagne s’oppose à l’impôt européen, aux eurobonds, et a opté pour un pacte pour l’euro.

Dans le cadre du future mécanisme de stabilité, l’Allemagne assumera une garantie pour une somme de 170 milliards € (la moitié du budget fédéral) et contribuera avec 22 milliards €.